Abstract :
L’adoption d’une série de textes sur les libertés au Cameroun, dès le début des années 90, a permis une libération de la parole que l’on observe dans l’espace public. Au nombre des lieux du déploiement de cette parole figure en bonne place les expressions artistiques dans lesquelles la présence des femmes est notable. On les a ainsi vues surgir dans le paysage de la chanson, toute chose qui crée une concurrence rude et conduit les unes et les autres à rivaliser d’ingéniosité dans l’expression de leur art. Cette ingéniosité se traduit principalement dans la convocation du motif sexuel dans les textes et du ton caractéristique du discours lorsqu’il esténoncé. Ainsi, Dominique Maingueneau, dans un autre lieu, pense que seule « la femme qui se libère sexuellement est celle qui pourrait tenir ce discours-ci » (In Amossy, 1999 : 95). En effet, la superposition d’un échantillon représentatif de chansons féminines du bikutsi proposées au public camerounais entre 2000 et 2015 le confirme, en mettant en scène ce que Maingueneau qualifie d’ethos de femme libérée. La question qu’il convient de se poser est celle de savoir pourquoi l’expression des chanteuses camerounaises et la scène qu’elles engendrent peuvent être analysées suivant le paradigme de la « femme libérée ?